Il existe une célèbre sculpture en bois d'Amida Tathagata qui regarde en arrière. Cette statue dont le regard se tourne vers l’arrière est très célèbre. L'expression du visage du Bouddha, lorsqu'il regarde en arrière, est à la fois tendre et digne, posée et pourtant soucieuse.

En l'an 1082, en février, avant l'aube, un moine appelé Eikan pratiquait le nembutsu  en circumambulant  autour de l’autel.  Soudain, il se rendit compte que la statue d'Amida était descendue de l’autel et marchait devant lui.  Eikan était étonné et s’est figé sur place. La représentation d'Amida tourna la tête et dit : "Eikan, tu es lent." Cette histoire représentée par la statue, illustre la compassion du Bouddha qui nous exhorte à aller de l’avant, mais qui, néanmoins,  nous attend et veille sur  nous quand nous prenons du retard. C'est un symbole de l'amour et de la douceur du Bouddha et du fait qu'il fait de son mieux pour nous.

SUIVRE

Comme les enfants, nous apprenons en recevant les soins et les conseils de nos parents, tout en commettant pourtant nos propres erreurs. Le parent dit à l'enfant d'être prudent lorsqu'il grimpe et marche au sommet d'un mur. L'enfant peut obéir, mais il poussera la situation jusqu'à ses limites afin de découvrir, par lui-même, ce qu'est cette limite, parfois en tombant et en se faisant mal. Le parent peut venir le relever ou ne pas être présent lorsque cela se produit, mais, dans tous les cas, l'enfant est enhardi  - il  trouve même le courage de faire des erreurs – conscient des soins pleins de sollicitude que lui prodiguent ses parents.

Le refuge bouddhiste est semblable à cela. Nous apprenons paravritti en faisant des erreurs, mais notre courage sur un chemin aussi rude est renforcé par notre confiance dans la sollicitude des Bouddhas. Marcher sur les pas des Bouddhas ne signifie pas une  imitation servile, cela signifie découvrir par soi-même. Le refuge donne du courage. Le courage facilite l'action. L'action apporte l'expérience et l'expérience apporte la connaissance. Si nous apprenons dans le contexte du refuge, l'apprentissage s’achève et notre cœur comprend alors ce que nous faisons vraiment. Alors le chemin se déroule naturellement devant nous. Même ainsi, le Bouddha regardera encore de temps en temps en arrière pour voir comment nous nous en tirons.

 

UN MOT BIENVEILLANT

Lorsque nous sommes sur ce chemin, nous nous "retournons" naturellement nous-mêmes de la même manière. Nous avons de la sympathie pour ceux qui souffrent. Ayant appris de nos propres erreurs et de celles des autres, nous apprécions ce que c'est que de vivre dans ce monde d'impermanence. Ainsi, nous tendons la main aux autres lorsqu'ils sont dans la détresse. Souvent, il n'y a rien que nous puissions faire d'une manière pratique, mais un mot bienveillant  peut faire une grande différence. Inspirés par les bouddhas et les bodhisattvas, même si nos efforts sont minuscules, ces modestes  actes de bienveillance  peuvent contribuer, de façon importante, au bien-être d’un grand nombre de personnes. Chacun de ces actes est comme une onde positive et l’on ne peut savoir  jusqu’où elle se répercutera.

Se retourner signifie à la fois se détourner de quelques chose ou se tourner vers quelque chose. Amida fait demi-tour pour se tourner vers Eikan afin de l'aider. Les enseignements du Dharma nous enjoignent à la fois de faire demi-tour et de nous tourner vers. Une fois totalement suivis, ils constituent les deux grands idéaux. En  se retournant, on devient un arhat. Se tourner vers fait de nous  un bodhisattva.

David Brazier le 13 novembre 2019, traduit en français par Annette et Vajrapala

 

You need to be a member of David Brazier (Eleusis) to add comments!

Join David Brazier (Eleusis)

Email me when people reply –