Comment avançons-nous ?

Question: Cher Dharmavidya, Je viens de lire votre texte sur la contrition. Comme d'habitude, vous savez toujours comment aller droit dans mon cœur! La contrition naît en effet  de l'honnêteté. Admettre notre réalité de bombu  est tellement libératoire. Cependant, je suis pris dans le dilemme du propre pouvoir et de l’autre pouvoir. Si nous acceptons notre état de bombu, comment avançons-nous? Est-ce que nous continuons à faire des efforts tout en sachant que  nous ne pourrons jamais faire les choses "parfaitement"? Pour certains, le paradigme du bombu ne s’accorde pas  avec notre rigide endoctrinement. Comment avez-vous effectué  notre sempiternelle marche sur la corde raide?

Réponse courte: Lorsque nous acceptons vraiment notre état de bombu, nous savons quoi faire.

Réponse plus longue: En tant que bombu, je ne demande pas : "Que puis-je faire pour l'univers?" encore moins :"Qu'est-ce que l'univers va faire pour moi?" mais plutôt: "Que me demande la réalité  aujourd'hui?". Cela ne diffère pas des propos  du Maître Zen, Dogen, qui affirme que la vie éclairée est dictée par les diverses circonstances de la vie quotidienne. L'acceptation réelle du pouvoir du non-soi signifie: (1) abandonner les idées autoglorificatrices  sur ce que l'on va accomplir, (2) savoir que les Bouddhas vous donneront toutes les réalisations et tous les éveils dont vous avez réellement besoin si,  simplement, vous ne leur faites pas obstacle et leur donnez ne serait-ce qu’une demi-chance, et (3) entre-temps, agissez selon la foi ou la perspicacité que vous avez déjà a déjà.

"Accepter sa nature de bombu c’est grimper vers le bas, c’est un grand soulagement."

Cette dernière étape semble simple, mais nécessite en réalité beaucoup de courage. Accepter sa propre nature de bombu est une importante montée vers le bas, c’est un grand soulagement, et c’est  aussi abandonner  les excuses. En fait, la vie consiste  généralement à faire une erreur après l’autre. Vouloir être toujours dans le droit chemin ou détenir une formule parfaite est contre-productif. Trop de choses se produisent. Tenter de toujours rester dans une attitude parfaitement équilibrée est paralysante. Lorsque nous marchons, cela fonctionne parce que nous sommes toujours en déséquilibre. Si nous ne l’étions pas, nous ne progresserions pas. L'art du bouddhisme n'est pas de rester immobile, mais d'utiliser le déséquilibre de la vie pour continuer à avancer. Ainsi, les bouddhas nous prennent tels que nous sommes, pas dans un état figé par la peur de nous tromper.

"Tel que  vous êtes" signifie que les bouddhas sont déjà avec vous. Quelle que soit votre tâche aujourd’hui : assister un mourant, faire la lessive, partir au Pérou ou bêcher le jardin, c’est un travail sacré. Tout est Namo Amida Bu. C'est un travail sacré et par conséquent, je suis indigne de le faire, mais je le dois pour être sincère (fidèle à ce que je sais pour le moment) et je le peux parce que les Bouddhas sont à mes côtés et me prêtent leur pouvoir. Dans le processus, je n’obtiens aucun mérite digne d’être mentionné, je ne m’enorgueillis pas, mais le travail de Bouddha se poursuit. "La vie de Bouddha augmente. Ne tuez pas Bouddha." (Keizan Zanji). Nous tuons Bouddha lorsque nous nous donnons une importance telle que la petite lumière, si proche de notre visage, nous empêche de voir au-delà,  la lumière bien plus grande.

Lorsque nous demandons une formule sur la manière de procéder de manière générale, ne demandons-nous pas à être programmé, comme une machine? Et une machine n'est-elle pas un objet mort ? En vivant, nous avançons jour après jour, pas à pas. Chacune des "circonstances diverses" se présente et nous y répondons. Nous répondons du mieux que nous pouvons. En répondant en tant qu’êtres bombus, nous n'utilisons pas les circonstances comme un moyen de nous cacher. Nous sommes juste ce que nous sommes.

"Célébrez le Dharma qui est déjà parmi nous."

Parfois, notre réponse est telle qu’ensuite nous éprouvons du regret ou parfois de la joie. Tout peut arriver. Pourtant chacun de ces évènements  est Namo Amida Bu, et Namo Amida Bu est à la fois "s'il vous plaît" et "merci": s'il vous plaît, montrez-moi le chemin, merci de me tenir la main. Quand on a ce genre de foi, on ne cherche pas "un moyen d'accomplir" - on se rassemble dans notre réunion religieuse pour célébrer le Dharma qui est déjà parmi nous, les vœux qui ont déjà été prononcés, les Bouddhas qui déjà nous aiment, nous et tous les êtres sensibles, tels que nous sommes. Je suis tellement heureux. Namo Amida Bu.

Traduit en français par Annette et Vajrapala

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