Dukkha-Dukkha et encore plus de Dukkha

Question : L'enseignement commun du Theravada et du Mahayana tibétain sur les trois niveaux de souffrance a-t-il une place dans la Terre Pure ?

  1. La souffrance de la souffrance (Pali : dukkha-dukkha) : c’est l’évidente douleur physique et mentale et les réactions émotionnelles qu’elle entraîne.
  2. La souffrance du changement (viparinama - dukkha) : c’est la souffrance inhérente à l'expérience agréable, du fait qu’elle est éphémère et que nous voulons la garder à tout prix
  3. La souffrance de l'existence conditionnée (samkhara - dukkha) :c’est la souffrance inhérente à l'identification aux agrégats, qui sont soumis à l'impermanence, la souffrance et le karma, etc. alors que nous souhaitons ardemment les contrôler.

Réponse courte : Ce n'est pas un enseignement de la Terre Pure, mais Amida vous aime malgré tout.

Réponse plus longue : J’ignore s’il existe un texte spécifique de la Terre Pure qui inclut cette formulation. Bien sûr, je n’ai pas lu tous les textes, donc on ne sait jamais. Cependant,  la Terre Pure ne repose pas vraiment sur l'hypothèse que l’objectif serait d'éliminer la souffrance. Reste le fait  que, d’une manière générale,  personne ne veut souffrir plus qu’il n’est  nécessaire. Cela dit cependant, l’existence de dukkha  constitue un point central dans le bouddhisme et les différentes écoles classent dukkha de plusieurs manières. Je vais donc commenter cette classification Theravada, du point de vue d'Amida Terre Pure.

Les deux premiers dukkha sont assez explicites : il y a la douleur et la fragilité de l'expérience agréable. L'art bouddhiste se concentre souvent sur la seconde et c'est la base du style que le Japon appelle le yugen. C'est un peu analogue à la notion occidentale du « doux-amer » : la fleur de cerisier est doublement touchante parce qu'elle risque,  à tout instant, d'être emportée par le vent  et qu’elle soit perdue à jamais. La vie a ce goût. Samskara-dukkkha : j'interpréterais  les samskaras comme étant des "formations internes" des "fabrications mentales". Bouddha dit qu’ils sont dukkha. Du point de vue de la Terre Pure, nous pouvons dire que c'est ce qui constitue la majeure partie de notre nature de bombu - notre sottise.

"On n'éliminera jamais Dukkha. C'est ce que Bouddha a découvert."

Cette classification semble souligner le fait que dukkha ne peut être éliminé dans cette vie. Au cours de notre existence, les trois sortes de dukkha vont  nous accompagner, quel que soit le nombre de réalisations ou d'éveils expérimentés. Peu importe le degré d’ascétisme atteint, on ne l'éliminera jamais. C'est ce que le Bouddha a découvert, dans les années précédant son éveil. Ni l'abondance de plaisirs, ni la discipline la plus extrême ne pouvaient faire disparaître dukkha. Ce n'est que par la foi en la Voie des Tathagatas que l'on peut espérer vivre une vie noble et se retrouver naturellement sur le chemin.

Donc la perspective de base de la Terre Pure à ce sujet sera que le Bouddha Amida  prend particulièrement soin des êtres qui, comme nous, souffrent de toutes ces formes d’un dukkha auquel nous ne pouvons pas mettre fin. Il est donc bon de se tourner vers Amida et de compter sur sa puissance salvatrice.

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