Facultés secondaires

Question : D'après ma compréhension de la Terre Pure, nous sommes tous des bombu et nous utilisons donc le nembutsu, car il est facile à comprendre pour nous. Pratiquer davantage (par la méditation ou l'utilisation d'autres moyens intellectuels) semble aller à l'encontre de ce principe, est-ce exact ?

Réponse courte : Pas tout à fait

Réponse plus longue : Bombu signifie que l'on n'a pas en soi, le pouvoir d’atteindre l’éveil par ses propres moyens ou par son propre effort. Cela ne signifie pas que l'on est incapable de faire ou de comprendre quoi que ce soit. Honen était l'un des hommes les plus intelligents et les plus érudits de son époque. Il connaissait tous les livres et avait des disciples dans diverses écoles bouddhistes, y compris dans celles de la Terre Pure. Il est important de faire la distinction entre pratique principale et facultés secondaires.

En ce qui concerne la pratique principale, il ne s'agit pas de savoir si l'on est capable de suivre d’autres pratiques – on le peut ou non, selon son tempérament etc. La question est de savoir comment on les considère. En tant que bouddhiste de la Terre Pure, on les prend pour des pratiques auxiliaires. Si elles vous aident à pratiquer le nembutsu, alors il est bon d’y recourir. L'erreur survient si l'on commence à penser que l'autre pratique va faire de vous un Bouddha éveillé. Ce ne sera pas le cas. Si l'on commence à le penser, c'est que l'on a rejoint une autre école. Si l'on croit que l'on deviendra Bouddha (un jour) en se tournant vers Amida pour obtenir de l'aide, alors on est bouddhiste de la Terre Pure.

"Améliorer sa vie et celle des autres....

N'est pas un moyen pour obtenir l’éveil,

c'est une expression naturelle de l’éveil."

En ce qui concerne les facultés secondaires, il y a d'innombrables choses que l'on peut faire pour améliorer sa vie et celle des autres. Construire des maisons, lire Shakespeare, cultiver des roses, méditer, manger sainement, faire des dons au profit d’organismes de bienfaisance, garder la forme, apprendre une autre langue, etc. Aucune de ces activités n’est essentielle, mais chacune a quelque mérite. C'est généralement une bonne chose que d'utiliser la santé du corps et de l'esprit, y compris l'intellect, de les garder en forme et d’apporter la meilleure contribution possible à la culture et au bien commun. Ce n'est pas un moyen de parvenir à l’éveil, c'est son  expression naturelle. Les écoles de la Terre Pure au Japon gèrent des universités et encouragent les gens à faire tout ce qu'ils peuvent pour leur vie, mais sans que cela prenne le pas  sur l’objectif principal.

Quand on agit selon sa foi religieuse, on a une vie saine et entière où tout est lié. Quand on fait des choses similaires sans avoir la foi, la vie se fragmente. Penser  que la raison d'être de la religion est d'inciter les gens à faire de "bonnes" choses, c’est mettre la charrue avant les bœufs. Quand on pense que la religion se substitue à l'action, l’attelage n’a plus de cheval de trait. La foi vient en premier et beaucoup d'autres choses s’ensuivent ensuite.

Quand on se fie essentiellement à son propre pouvoir, on n'a pas de refuge sûr, mais quand on a un refuge sûr, les pouvoirs dont on dispose doivent être utilisés à bon escient. Le développement personnel peut être agréable s’il se produit, mais il ne représente pas le sens de la vie.

Tout compte fait, la foi doit nous ouvrir, et non pas nous fermer, offrir une large vision, et non pas rétrécir l'esprit. La lumière d'Amida pénètre partout. Allez avec cette lumière et vous aurez une vie vaste et pleine de merveilles.

Si donc la méditation vous aide à pratiquer le nembutsu, faites-la, si cela fait obstacle au nembutsu, arrêtez-la. Si l'amélioration de votre compréhension intellectuelle vous aide à vous rapprocher d'Amitabha, allez-y. Si ça vous en  éloigne, ne le faites pas. Plus particulièrement,  si cela vous amène à vous gonfler d’orgueil  et à penser selon votre propre sagesse, soyez vigilant. En fait, les gens qui ont été vraiment de grands intellectuels en viennent généralement, par cela même, à réaliser  que la somme de ce qu'ils comprennent n'est rien par rapport à ce qui reste caché. J'ai passé toute ma vie à étudier. Je trouve que c'est une excellente pratique. Cela me rend humble. Il y a tant de choses que nous ignorons. Je passe beaucoup de temps à écrire. C’est, à nouveau,  une sorte de thérapie personnelle. Cela me débarrasse de beaucoup de choses et laisse  plus de place à la bonne influence du Dharma.

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