Le pouvoir des mantras

Question: Nous avons eu une discussion intéressante sur la syllabe sacrée OM utilisée dans de nombreuses traditions (hindouisme, jaïnisme, bouddhisme,….). Quelqu'un a dit que dans un mantra, l’OM pourrait être remplacé par n’importe quel autre son, puisque c’est nous qui donnons un pouvoir sacré au mot qui en soi ne signifie rien. Certains semblent cependant admettre que la syllabe a, en elle-même, une certaine vibration qui dépasse ce que l'on peut attribuer au mot.

Quelqu’un a dit aussi que la seule fonction de la récitation d'un mantra est d'apaiser l'esprit et son discours sans fin, de sorte que les mots en eux-mêmes n'ont aucune importance. J'apprécierais beaucoup votre commentaire sur la question.

Réponse courte: Il y a là beaucoup de dimensions  et  pas seulement une.

Réponse plus longue: Je pense qu’aucune de ces positions englobe toute la question - il y a un certain bien-fondé dans chacune d’elles, mais aucune n’est suffisante en elle-même. Les mots ne sont pas totalement arbitraires. Prenez le mot anglais «fish». Il évoque certainement le mouvement de l'animal dans l'eau. Il semble probable que la musique ait précédé le discours dans le sens que nos ancêtres les plus éloignés ont probablement communiqué par le chant, un peu comme les oiseaux. Les sons suggestifs seraient privilégiés dans une telle communication. La partie du cerveau qui traite les sons musicaux est situé du côté droit du cerveau. Dans la partie symétrique du cerveau gauche, nous stockons le vocabulaire. Peu à peu, les mots et le vocabulaire ont évolué et sont devenus de plus en plus élaborés et de nos jours, beaucoup sont relativement arbitraires, mais il s’agit d’un développement moderne (c’est-à-dire qui a eu lieu au cours des dix derniers millénaires environ).

On dit que le son spécifique OM, ou peut-être vaudrait-il mieux écrire Aum, encapsule tous les sons que font les humains. Si vous le prononcez lentement, vous remarquerez que votre bouche commence à s'ouvrir largement  et se ferme graduellement au fur et à mesure que le son s’exprime. Ce n'est donc pas une syllabe purement arbitraire. «Gosh» ou «Ouch» (ou, en français : »Ah » ou « Aïe ») n’ont pas les mêmes fonctions, même si elles en assument parfaitement d’autres. Puisque Aum englobe tous les sons, c'est la mère de la parole. C'est ce qui lui donne sa qualité spéciale et divine.

"Un mantra est une protection pour l'esprit."

Bien sûr, la maladie de notre époque consiste à surestimer notre contrôle, notre pouvoir et notre rationalité. Néanmoins, l'intention fait la différence. Dans une phrase comme Namo Amida Bu, les mots eux-mêmes sont moins importants. C'est l'intention qu'ils expriment qui compte. Dans un autre pays, vous trouvez des mots différents ayant la même fonction. Ce n’est pas un problème. Aussi longtemps que l’intention de ce que l'on dit est une invocation au Bouddha Amitabha, chaque mot approprié fera l’affaire.

En ce qui concerne la fonction d'un mantra, c'est une protection pour l'esprit. Cela fonctionne de plusieurs manières. Dans le cas d'un mantra comme OM, il y a probablement une résonance avec quelque chose de profond dans notre psychologie archétypale. Puis, chaque mantra se construit et devient la clé d'une foule de bonnes associations. Une seule syllabe devient ainsi le déclencheur d'une grande richesse spirituelle. Le fait que les mêmes mots aient été utilisés depuis des temps immémoriaux ajoute également de l’importance à cet effet. On se connecte avec les ancêtres et leur pouvoir. Au niveau le plus simple, alors que l'esprit est plein du mantra, il n'est pas rempli d'autres choses moins saines.

Je ne pense donc pas que la réponse à votre question porte sur un seul point. Il y a beaucoup de dimensions à ce qui est en jeu. Le mantra exerce son travail sur nous et nous restons la plupart du temps  inconscients de  son effet. Cela pénètre en nous à un niveau plus profond que le simple niveau rationnel. J'imagine qu'il touche quelque chose sur le côté droit du cerveau.

      Om

      est le centre de l'univers, disent-ils

      tandis que pour d'autres, «une rose, quel que soit le nom qu’on lui donne…»

      reste  pourtant douce

      dire des mots sacrés

      et glorifier le Saint Nom.

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