Trikaya

Question: En tant qu’étudiant(e) de Vow 22 (un programme d'entrainement de l'école Amida), on m’a demandé d’examiner le trikaya et de faire quelques commentaires. Je cherche la réponse mais je découvre beaucoup de réponses différentes.

Pourriez-vous me donner votre interprétation du trikaya et ce que chacun des composants signifie pour vous?

Réponse courte: Nirmanakaya - le Bouddha apparaissant dans le monde; Sambhogakaya - le Bouddha apparaissant sous forme spirituelle; Dharmakaya - la nature ultime de Bouddha.

Réponse plus longue: la vie spirituelle est fondée sur notre expérience à travers les sens et l'intuition. Nous rencontrons des enseignants qui agissent dans le monde pratique. Souvent, en fonction de telles rencontres nous avons des expériences spirituelles et nous avons l'intuition inéluctable d'un au-delà - l'ultime, l'infini, l'inconditionnel - que Bouddha appelle parfois le Non Né, parfois la Non-Mort. C'est une vision  métaphysique, mais elle est  très pratique en ce qu'elle désigne notre expérience. L'expérience dépasse cet aspect purement empirique. Notre expérience du monde transitoire génère inévitablement une intuition de ce qui n’est pas impermanent - le nirvana. Cependant, nous nous retrouvons enlisés dans le samsara. En fait, la vie spirituelle apparaît dans la tension entre les deux - l'espace de la spiritualité - le sambhogakaya. C'est le domaine des visions, des rêves et des éveils profonds. Amida Bouddha est le sambhogakaya.

Il existe une certaine correspondance entre le trikaya et la trinité chrétienne. Dieu le père (Dharmakaya) est au-delà de notre entendement. Dieu le Fils (Nirmanakaya) apparaît dans le monde, enseigne, noue des relations et participe à la vie humaine dans le monde matériel. Ainsi, le Saint-Esprit (sambhogakaya) descend  sur ceux qui ont la foi et leur donne le pouvoir d'aller de l'avant dans la mission apostolique. Cela est très similaire au principe bouddhiste.

Ceux qui prétendent en connaître plus que ce que l’on peut savoir sur l’absolu sont des dogmatiques. Ceux qui cherchent à nier l'absolu sont des sceptiques. Le bouddhisme est une voie du milieu. Ni les dogmatiques, ni les sceptiques ne peuvent faire l’expérience d’une vraie vie spirituelle. Le sambhogakaya leur est inaccessible en raison, d'une part, de la rigidité de leurs aprioris  et d’autre part, de leur absence de foi.

En Asie de l'Est, le bouddhisme tourne autour du sambhogakaya, non seulement dans la Terre Pure, mais plus généralement dans les principales écoles. En Occident, on insiste tellement sur l'historicité de Shakyamuni que de nombreux pratiquants ont perdu contact avec le niveau spirituel et ont transformé le bouddhisme soit en une technique d’ordre pratique (qui en fait une sorte d’activité de fitness mental) ou un système moral (qui met l'accent sur la conformité plutôt que sur la découverte, sur la doctrine plutôt que sur la sagesse). Le bouddhisme détient des techniques et des principes moraux, mais ils  ne représentent  pas le cœur du Dharma.

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